Résumé de la communication :
Le passage de l’artisanat à la manufacture industrielle modifie le statut de l’objet, non seulement en ce qui concerne les étapes de sa création et de sa production, mais également en ce qui concerne sa réception par les utilisateurs. En effet, le passage à la virtualisation et à la numérisation des fonctions semble, depuis quelque temps, accélérer ce processus d’assimilation de l’objet. On assiste, dans le même temps, à un mélange progressif entre le monde de la production industrielle et les nécessités esthétiques, qu’illustre la multiplication des activités de design. Mais comment se construit la compréhension d’un objet dans le cadre des pratiques d’usage et des pratiques sociales ? Comment un objet contribue-t-il au développement d’une série d’activités interprétatives qui peuvent amener à la ré-acquisition d’une valeur esthétique donnée, en partant d’une production sérielle et d’une identité substantielle commune à toutes les copies produites ? Nous nous proposons de montrer comment les produits technologiques Apple contribuent activement à la valorisation émotive et esthétique des objets, autant dans leurs contexte que dans leurs pratiques d’usages. Nous allons analyser brièvement la double origine de cette activité de sémiose, dans le contexte plus général du rapport entre usager et produit, et en nous focalisant sur les mécanismes cognitifs qui sont à la base de la fonctionnalité de leurs interfaces virtuelles. En nous basant principalement sur l’analyse d’iPhone et d’iPod touch, nous chercheront enfin à montrer que cette revalorisation personnelle ne saurait être directe, comme l’affirment certaines théories élaborées dans le domaine du design (Norman). Nous serons ainsi amenés à la considérer comme résultante d’une interaction spécifique, grâce à laquelle la célèbre entreprise californienne parvient à faire exposer ses produits au MoMA de New York, tout en connaissant un succès commercial croissant.