Les technologies modifient nos rapports à l’altérité : nouvelles technologies de l’information et de la communication (en particulier les nouveaux réseaux sociaux), dispositifs technologiques d’accès à la présence d’autrui (environnements virtuels ; perception à distance, en particulier tactile), technologies d’investigation du corps humain (notamment la cartographie génétique ou l’imagerie cérébrale). En même temps que les médiations techniques semblent affecter notre rapport à autrui, peut-être permettent-elles aussi d’en dévoiler les conditions de possibilité et d’en mieux comprendre la nature. Les technologies modifient les altérités, voire en produisent. Ainsi si le visage est par excellence autrui en sa présentation, faut-il méditer que nous pouvons maintenant intervenir techniquement, de manière radicale, sur cette présentation grâce en particulier à la greffe de visage. On notera par ailleurs que le « Cyborg » est l’emblème contemporain pour tous les mixtes d’organique et de machine qui peuplent notre monde, troublent la frontière entre vivant et non-vivant et tout aussi bien la frontière entre humain et non-humain. De manière générale, la question de l’altérité ne se pose plus seulement en terme d’intensité (autrui tranchant sur tous les autres ordres de réalité et ne se réduisant à aucun), mais en terme de diversité : quels êtres valent comme « autrui » ? Les autres “êtres humains” (mais où commence l’humain ? et où finit-il ?) ? Les animaux ? Le cyborg ? Les drones et autres machines en un sens « autonomes » ? Inquiétude contemporaine : on ne sait où clore la liste, et s’il le faut. Il y a toujours eu une altérité de la technologie, miroir du biologique, mais pourquoi ces autres que sont les machines ne sont toujours pas considérées comme « autrui » ? Il y a plus que jamais une technologie de l’altérité, puisqu’autrui se présente technologiquement. Où est autrui s’il est interrogé depuis son dévoilement technique ? Ce séminaire, fidèle à son exigence trans-disciplinaire, voudrait interroger ce que les technologies font aujourd’hui à l’altérité, mais aussi dans quelle mesure l’altérité aura toujours été inscrite au cœur de la problématique de la technique.
Programme:
Lundi 17 janvier
14h00-17h30. Médiation technique et rapport à autrui
14h00. Présentation.
14h30. Fabrice Métais (Costech, UTC). Altérité radicale d’Autrui et inscription (avec Lévinas).
15h30. Annie Abrahams (cyberart). Le travail collaboratif ne démarre pas au quart de tour…
16h30. Bernard Stiegler (philosophie, IRI). Pharmacologie de l’autre et du même à l’époque de la transindividuation numérique.
Mardi 18 janvier
10h-12h. Pathologie et psychothérapie de l’autre
Alain Gillis (psychiatre). L’autisme attrapé par le corps : le Holding thérapeutique et les Packs.
Benoit Virole (psychologue, psychothérapeute), Construction de soi et altérité. Données de la psychopathologie humaine
14h-17h00. Couplage Homme-machine
Jérôme Goffette (philosophe. Université Claude Bernard Lyon), Hybridité, prothèse, cyborg et anthropotechnie.
Victor Petit (philosophe. UTC). L’Homme-machine.
Ken Prépin (Telecom Paris-Tech). Embeddedness: du couplage physique au couplage social.
Mercredi 19 janvier
9h30-12h30. Altérités neurologiques.
9h30. Jean-Luc Petit (épistémologie des neurosciences. Collège de France). L’effet miroir: une distorsion neuro-mimétique de la communication intersubjective.
10h30. Jean-Claude Dupont (épistémologie des neurosciences. Université de Picardie). L’imagerie cérébrale : une “néophrénologie” ? Questions épistémologiques sur l’ICF
11h30. Guillaume Dumas (psychologie cognitive. Université Paris VI). Vers une neuroscience à deux corps.
14h-16h. Altérités biotechnologiques.
14h00. Pr. Devauchelle (chirurgie. CHU d’Amiens). La greffe de visage : altérités biologiques, altérités technologiques ?
15h00. François Delaporte (philosophie. Université de Picardie). Artifice et nature : une approche philosophique.
Jeudi 20 janvier
9h00-13h00. Epistémologies et éthiques des machines.
9h00. Sacha Loeve (épistémologie. Université Paris X). Ceci n’est pas une brouette : l’altérité technologique des nanomachines.
10h00. Anne-Françoise Schmid (épistémologie. Institut national des sciences appliquées de Lyon). Epistémologies et éthiques technologiques.
11h00. Jean-Michel Besnier (épistémologie. Université Paris IV).
12h00. Discussion. François Sebbah, Victor Petit, (coord.).
Vendredi 21 janvier. Journée commune (SC01-GE90). Technologies numériques.
9h30. Yann Moulier Boutang (économie. UTC). Les modalités de valorisation des immatériels de type 2.
10h30. Frédéric Bourget, Bamboo & Bees (droit, économie), L’exemple des chaires d’entreprises.
11h30. Franck Ghitalla (info-com, INIST). L’experience WebAltas.
14h00. Marie-Anne Paveau (linguistique. Université Paris XIII). Les technologies discursives. Altérisation, cognition, narcissisme.
15h00. Christian Fauré (ingénierie. Ars Industrialis), Technologie relationnelles
16h00. Fabien Pfaender (ingénierie. UTC). Ecologie des métadonnées.
16h30. Pascal Jolivet, Julia Taddei, Michaël Vicente (sociologie, économie. UTC). Ecologie du libre.